APRÈS LA GRÈVE DU 13 MAI LES SYNDICATS MINORITAIRES VONT-ILS CONTINUER À BLOQUER LES TRANSPORTS ?
Plusieurs sondages d’opinion
ont montré que 80% des habitants d’Ile-de-France — les plus
durement touchés par les grèves des transports — sont favorables
à un « service minimum » les jours de grève.
Ce quasi-consensus prouve que ce ne sont pas seulement les électeurs
de droite qui sont pour, mais aussi la majorité des électeurs
de gauche. Logique, puisque le service minimum est le meilleur moyen, sinon
le seul, de concilier deux droits reconnus par la constitution : le droit de
grève et le droit à la continuité du service public.
On se demande dans ces conditions pourquoi aucun gouvernement n’a jamais
osé faire ce que veulent les Français.
Une partie de la réponse tient sans doute du fait que les syndicats de
la SNCF, et en Ile-de-France de la RATP, ont une énorme capacité
de nuisance. Même une minorité de grévistes peut paraliser
les transports, comme on l’a encore vu en 2001, lorsque les petites organisations
que nous avons qualifiées de « professionnelles de la surenchère
syndicale » ont eu la capacité de prolonger pendant 15 jours la
grève de la SNCF, alors que les grands syndicats, CGT en tête,
avaient décidé d’arrêter le mouvement.
Ces grèves ultra-minoritaires, dont les syndicats SUD, FO-transports
et la fédération autonome des agents de conduite se sont fait
la spécialité, sont sans aucun doute l’aspect le plus intolérable
de ce que nous appelons la « gréviculture » à la SNCF.
C’est pourquoi la Fédération des Usagers des Transports
et des services publics propose une solution alternative au gouvernement : il
faudrait subordonner le lancement de toute grève dans les transports
publics à un vote à la majorité de l’ensemble des
employés.
C’est ce qu’exigent par exemple les syndicats allemands dans les
grandes industries. Pourtant ces syndicats n’ont pas la réputation
d’être moins efficaces que les syndicats français. Bien au
contraire !
Si le gouvernement a peur d’imposer le service minimum — il craint
sans doute une grève générale — il a la possibilité
de couper l’herbe sous le pied de la petite minorité ultra-gréviste.
On s’apercevra ainsi que la majorité des employés (notamment
à la SNCF) qui ne bénéficiant pas des mêmes privilèges
que les conducteurs de train, est beaucoup plus proche des préoccupations
des usagers que des revendications, et surtout des méthodes, des syndicats
minoritaires.
La balle est dans le camp du gouvernement.
Jean-Claude Delarue
Thierry Ottaviani