14/07/05

 


J.C. DELARUE A LA CONVENTION DE L’U.M.P.
SUR LES SERVICES PUBLICS

 

 


Jean-Claude Delarue, président de la FUTP, a été invité à intervenir au cours du colloque organisé par l’UMP à l’Assemblée Nationale le 7 juillet sur le thème des services publics. Parmi les participants, Nicolas Sarkozy, Brice Hortefeux, ministre, organisateur du colloque, Eric Woerth, ancien secrétaire d’Etat à la Réforme de l’Etat, trésorier de l’UMP, Patrick Devedjian, ancien ministre et Roger Karoutchi, sénateur des Hauts de Seine et « patron » de l’UMP au Conseil Régional d’Ile de France.


J.C. Delarue a pris la parole au cours de la séance consacrée au thème « mettre les usagers au cœur des services publics ».


Voici le résumé de son intervention.

« Les usagers au cœur des services publics ? C’est un thème de discours depuis dix ans ! Le problème est de savoir comment on passe du discours à la réalité.


La décision de créer un « service minimum garanti » est à cet égard un signe positif. La FUTSP réclame ce service minimum depuis les grèves de 1995, et nous avions alors organisé plusieurs défilés dans les rues de Paris. Notre revendication a depuis reçu le soutien de 80 % des Français, de gauche ou de droite. D’ailleurs, en Italie, quand le service minimum a été mis en place, cela a été notamment à la demande de la CGIL – la CGT italienne - dont le patron, Sergio Cofferati, a par la suite organisé des manifestations monstres contre Berlusconi. Rien a voir donc avec un clivage gauche-droite.


Une question se pose : pourquoi un service garanti de 50 % à la RATP et seulement de 33 % à la SNCF ? D’autant qu’à la SNCF, ce service minimum de 33 % ne sera qu’une moyenne et sur telle ou telle ligne, le « service garanti » pourra très bien être : ZERO TRAIN !

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Il ne faut surtout pas oublier que pour beaucoup d’usagers de banlieue, le problème n° 1 est que, plusieurs fois par mois, et même plusieurs fois par semaine, ils n’ont droit de la part de la SNCF qu’à un « service minimum non garanti ». Des lignes comme le RER D – entre autres – battent tous les records en matière de retards, de pannes, d’ « incidents techniques », de voyageurs sur les voies, d’annulations de trains – et la colère monte, tous les élus d’Ile de France le savent, comme M. Karoutchi.


A croire que la SNCF est une entreprise à deux vitesses, dans tous les sens du terme. Tout est fait pour le TGV, parce que là, il y a la concurrence, et ce qui reste, pas grande chose, on veut bien le donner à la banlieue. Evidemment, les banlieusards n’ont pas le choix, ils sont bien obligés de prendre les trains qu’on leur donne.


C’est pourquoi la FUTSP lance une campagne pour un PLAN MARSHALL Etat – Région en faveur des transports d’Ile de France. C’est l’intérêt de tous les partis, de l’UMP comme du PS de ne pas négliger les transports de banlieue. Car les usagers sont aussi des électeurs.

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Le thème des grèves de la SNCF – la « gréviculture », comme nous disons – est très important.


Mais il ne doit pas nous faire oublier que, tous les jours, des centaines, des milliers d’usagers sont victimes d’un « dysfonctionnement » administratif qui peut être simplement irritant, par exemple un bureau qui ferme trop tôt, ou un téléphone qui sonne dans le vide, ou alors qui peut être catastrophique.


- Par exemple, cette TPE du Val de Marne qui nous a alertés et dont le problème a été réglé par Eric Woerth, et qui était étranglée financièrement parce que les impôts tardaient à lui rembourser la TVA qu’ils lui devaient. On a un peu l’impression parfois que pour certains fonctionnaires – heureusement de moins en moins nombreux – la défense de l’emploi dans le privé, ça n’est pas une priorité !


- Et il y a le problème des usagers qui ont été victimes d’une erreur de l’administration ou de la justice. Jacques Esnault vient d’écrire un livre, « La justice bâclée ». Sa famille a dû attendre près de 20 ans ( !) pour être indemnisée à la suite d’une erreur judiciaire – alors pourtant que cette erreur avait été reconnue publiquement par le président du tribunal qui en était l’auteur !


- Il y a aussi ces dizaines de milliers de retraités qui ont perdu jusqu’à 60 % des économies de leur vie de travail parce qu’en 1999-2000 la plupart des banques et des assurances leur ont conseillé de retirer leur argent du livret A ou d’un PEL pour le placer sur des produits financiers qui étaient en réalité, mais on ne s’en vantait pas, investis en Bourse.


Les associations comme la FUTSP – Petits Porteurs et l’AACAB luttent pour faire rembourser les victimes, mais que font l’AMF (l’autorité des marchés financiers) et la commission de contrôle des assurances pour défendre les épargnants ? Pourquoi ce désintérêt de la part d’organismes publics et de leur ministère de tutelle ? Pourtant, perdre la moitié des économies d’une vie c’est quand même plus grave que se faire voler sa voiture !


- Beaucoup plus dramatique encore, le cas de ces enfants martyrs, violés – le plus souvent dans leur famille – et qui auraient pu être sauvés si les services administratifs étaient intervenus, comme le répète Sonia Pizel, présidente du collectif « Sauver l’enfance en danger » et collaboratrice de la FUTSP.


Jean-Claude Delarue termine son intervention en demandant aux responsables de suivre l’exemple d’Eric Woerth, qui recevait une fois par mois, sans rendez-vous, les usagers victimes d’une administration.


« On pourrait imaginer par exemple que les dirigeants de la SNCF prennent le train une fois par mois, pas le TGV bien sûr, ou qu’ils s’installent au guichet du service clients à Paris ou à Marseille. »


La FUTSP propose également de nommer des médiateurs dans chaque administration ou service public, de créer des comités consultatifs d’usagers dans chaque ministère ou grande administration, et de prévoir l’indemnisation rapide et suffisante de tous les usagers victimes d’un préjudice causé par une administration.

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A noter que la politique du TOUT-TGV à la SNCF a été dénoncée par le sénateur Karoutchi, pour le compte des usagers de banlieue et des régions, et aussi par Dominique Laureau, PDG d’une société de gravillons et de sables qui se plaint de la mauvaise qualité du service du fret ferroviaire.


Le sort des épargnants victimes de mauvais placements n’a en revanche provoqué aucune réaction. Celui des enfants martyrs victimes du laxisme administratif non plus. Dommage…