28/11/05
La FUT-SP réclame depuis dix ans un service minimum dans les transports
en cas de grève. Pour nous, le service minimum, c’est le service
complet aux heures de pointe.
Le service minimum ne remet pas en cause le droit de grève. C’est
en réalité le moyen de concilier deux droits constitutionnels,
le droit de grève et le droit de circuler.
Comme en Italie. Or, précisément en Italie, c’est le syndicat
le plus à gauche, la C.G.I.L. (équivalent de la CGT française)
qui a réclamé et obtenu le service minimum, afin que les usagers
ne soient plus « torturés » par des grèves lancées
par des syndicats catégoriels qui se moquent éperdument de l’intérêt
général.
L’initateur de cette réforme est Sergio Cofferati, alors président
de la CGIL, devenu par la suite l’organisateur des grandes manifestations
contre Berlusconi et aujourd’hui maire « post-communiste »
de Bologne.
Le combat pour le service minimum n’est donc pas un combat droitre contre
gauche. D’ailleurs, la très grande majorité des Français,
y compris de très nombreux électeurs de gauche, sont pour le service
minimum.
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Cela dit, il n’est pas douteux qu’une grève limitée
aux heures creuses en réduit l’impact et risque de déséquilibrer
le rapport de forces au sein des entreprises en faveur de la direction. Il faut
donc que les patrons de la SNCF, de la RATP, ou de la RTM de Marseille, aient
la volonté de dialoguer – ou qu’on la leur impose.
Nous sommes quelquefois loin du compte.
L’ancien médiateur du gouvernement dans le conflit de la RTM, Bernard
Brunhes a ainsi dénoncé l’intransigeance de la mairie de
Marseille et de la RTM.
Le « Parisien » du 25/11/05 relate les propos qu’il a tenus
le 24 sur la radio BFM.
« Les responsables de la mairie de Marseille et les dirigeants de la RTM
veulent la peau des traminots », a-t’il déclaré. Il
les accuse de ne pas avoir eu « envie que cela s’arrête »
ou alors que cela s’arrête avec une CGT qui annoncerait sa défaite.
Il s’est dit choqué qu’ « un certain nombre de gens
autour du maire de Marseille » aient voulu « tirer dans le tas ».
Il faut donc inventer une solution qui contraigne les patrons à négocier
aussi sérieusement avec les syndicats en cas de grève avec service
minimum que si la grève est totale. Pas simple.
La première chose qu’on doit exiger est que le médiateur,
ou l’arbitre, puisse donner son avis publiquement sur les arguments des
uns et des autres, sur la volonté ou l’absence de volonté
de dialogue des parties en présence, afin que l’opinion publique
soit clairement informée et puisse faire pression en faveur d’une
solution négociée.
Un exemple : un médiateur dans le conflit de la SNCF aurait pu dire si,
oui ou non, les syndicats avaient raison de réclamer l’embauche
de personnels de réserve pour éviter que des trains soient supprimés
simplement parce que le conducteur est malade. Selon eux, plusieurs milliers
de trains seraient annulés chaque année pour cette raison. Est-ce
vrai ou non?
Nous disons donc : 1. oui au service minimum ; 2. oui au dialogue social.