29/11/05
Sous ce titre, Ivan du Roy a publié dans le numéro du 13 octobre 2005 de l’hebdomadaire « Témoignage Chrétien » une enquête pour le moins attristante sur le sort réservé par l’administration française aux étudiants étrangers.
Il y a 130.000 étudiants étrangers en France. Des africains, bien
sûr, mais de plus en plus des asiatiques et des sud-américains.
« Les ambassades et consulats français en Asie ou en Amérique
latine sont dans une logique de conquête, avec des parts de marché
à gagner », écrit Serge Slama, juriste bénévole
au GISTI (Groupe d’Information et de Soutien des Immigrés). Et
en plus, la France a encore une bonne image dans le reste du monde, la patrie
des droits de l’homme, la culture, Paris, etc.
Mais ça va changer.
Hamila, qui est marocaine, précise : « Comme beaucoup d’autres
étudiants marocains, j’ai déposé mon dossier pour
partir au Québec. Au Canada, on se fiche de ton origine, de ta couleur.
Tout ce qui les intéresse, ce sont tes compétences. »
Pas vraiment le cas en France.
Tarcisio témoigne. Dans son pays, le Brésil, il est juge, spécialisé
en droit du travail. En congé-formation pour suivre un DEA en relations
internationales. Il a cru faire le bon choix en venant en France. Le pauvre.
Il a son visa d’étudiant. Mais il a aussi besoin d’un titre
de séjour. Or, « pour avoir un titre de séjour, la préfecture
demande un lieu de résidence permanent. Mais pour louer un appartement,
il faut un compte en banque et… un titre de séjour. Pour avoir
un compte en banque, il faut là encore un titre de séjour. »
Kafka sur Seine.
Tarcisio dépend, pour ces démarches, du Centre des étudiants
étrangers.
Ivan du Roy est allé sur place.
Il faudrait citer tout son témoignage :
« Assis derrière son guichet, le fonctionnaire hurle sur une jeune
femme d’origine asiatique qui, visiblement, ne saisit pas bien ce qu’on
lui demande.
Dans la salle, une quarantaine de personnes, certaines patientant depuis plus
d’une heure, observent la scène… craignant que leur tour
ne vienne : une séance d’humiliation publique dès que leur
numéro sera appelé.
Au bureau d’à côté, indifférent à l’agitation
et au nombre de personnes en attente, un employé somnole, hésite
– va-t-il convoquer une personne à son guichet ? – puis,
finalement, se lève pour aller chercher un soda » !
Et pour Serge Slama, du GISTI : « Le centre des étudiants étrangers
en question, c’est le paradis par rapport à d’autres préfectures
! »…
Hamila confirme. Dans sa préfecture de banlieue, « les regards
et les comportements de certains fonctionnaires sont très agressifs.
Seule une minorité est sympa. Quand on vient d’arriver, on ne comprend
pas tout : les papiers à réunir, les démarches à
suivre… Ils devraient prêter assistance plutôt que de crier.
C’est encore pire pour les étudiants qui ne comprennent pas bien
le français. »
La FUT, qui est la fédération des usagers des transports et des
services publics, a décidé 1) de vérifier ces informations
« attristantes », qui révèlent une situation intolérable
pour les étudiants concernés, très nuisible pour l’image
de la France, 2) d’interpeller les pouvoirs publics.
Donnez-nous votre témoignage, vous aussi, par lettre et par e-mail :
contact@sos-usagers.com.
A bientôt.
Qu’en pensez-vous ?