20/12/05

 

APRÈS LA GRÈVE DE DÉCEMBRE



Nous avons dressé plusieurs constats de la grève catégorielle qui a pris plusieurs centaines de milliers d’usagers en otage pendant dix jours.


1. Les syndicats sont divisés


Il y a d’abord la déclaration du secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, qui a plaidé en faveur de « modes d’action dans les services publics » qui ne « coupent » pas les syndicats de la population. Très juste. Nous le réclamons depuis des années et l’échec de cette grève qui a dressé l’opinion contre les grévistes peut provoquer la prise de conscience nécessaire.

Au-delà de ce débat, il faut rappeler que l’une des causes des grèves à répétition dans les transports réside dans l’ « atomisation » du mouvement syndical. En Angleterre, en Allemagne ou en Autriche, dans les pays scandinaves, il n’existe qu’un seul syndicat auxquels adhèrent d’ailleurs plus de la moitié des salariés, contre à peine 10% en France.

Dans les transports en commun de notre pays au contraire il y a sept syndicats. A la SNCF, la CGT, Sud-Rail, la Fédération autonome des agents de conduite (FGAAC), qui ont lancé la grève, FO, la CFDT, l’UNSA et la CGC, qui n’y ont pas participé.


Une partie des grèves sont en réalité causées par cette division qui provoque une concurrence entre syndicats rivaux. On fait grève parfois moins parce qu’il y a un réel sujet de grave mécontentement que parce qu’on doit apparaître comme plus actif et représentatif que les autres syndicats.


2. Les « minorités de blocage ».


Lors du dernier vote de reconduction de la grève sur le RER D, la décision de continuer le mouvement a été prise en Assemblée Générale par… 62 voix contre 26 ! (liberation.fr, 13/12/05).


Soixante-deux votants ont donc pris la décision de priver de transports plus de 400 000 usagers.


Ce système de la « minorité de blocage » n’est pas tolérable. C’est pourquoi nous réclamons des réformes qui fassent de la grève une décision majoritaire, décidée à bulletins secrets et non pas dans des « assemblées générales » squelettiques qui imposent leur volonté à la majorité des cheminots. Le vote à bulletins secrets est une conquête de la démocratie. Il serait temps que la démocratie fasse son entrée à la SNCF.


3. Indemniser les victimes.


Pour la troisième fois en quelques années, notre association s’est battue victorieusement pour obtenir le remboursement de la carte de transport en proportion de la durée de la grève.

C’est bien la moindre des choses !


Imaginez qu’au restaurant, on vous fasse payer l’addition au moment où vous passez la commande. Et qu’on vous annonce ensuite que la cuisine est en grève, mais « ça ne fait rien, je garde votre argent » !


C’est exactement ce qui se passe quand la SNCF n’indemnise pas les victimes d’une grève.


La FUT-SP demande donc que le remboursement des cartes de transport, toujours en fonction de la durée de la grève, soit automatique. Ce sera une puissante incitation à ne pas laisser « pourrir » les grèves, car, il na faut pas l’oublier, les grèves à répétition sont autant causées par le défaut de dialogue social à la SNCF que par le « jusqu’au-boutisme » des syndicats.