Communiqué du 22/12/05
Les Français vont-ils devoir vendre leur PEL pour acheter des actions?
L’actionnariat populaire est relativement peu développé
en France. Les actionnaires représentent environ 14% de la population
française alors qu’aux Etats-Unis ils sont près de 50%.
Dans un contexte économique peu brillant, le gouvernement a tout intérêt
à encourager l’actionnariat. Celui-ci permet aux entreprises de
collecter de l’argent frais et donc de redynamiser la croissance.
A quel prix ? Les expériences récentes montrent que l’actionnariat
populaire présente des ratés. On l’a vu avec les soi-disant
« produits garantis » vendus par les banques à leurs clients
et qui ont fait perdre à certains jusqu’à 50% de leurs économies.
Contrairement à des placements sûrs comme le livret d’épargne,
l’actionnariat présente des risques, parfois de très gros
risques.
Or, les réformes faites par le gouvernement visent à encourager
les Français à placer de plus en plus leur argent en Bourse. Ainsi,
le seuil des cessions à partir duquel les plus-values sont imposables
a été monté à 15 000 euros sous Raffarin. Plus récemment,
le projet de loi de finances rectificative prévoit d’exonérer
totalement les plus-values réalisées sur des actions au bout de
huit ans.
Mais les Français ont-ils le choix ? A côté de ces
réformes, le gouvernement s’attaque aux placements sûrs.
Le livret A a encore baissé cet été — il est désormais
à 2% alors que l’inflation est de 1,8% — et les Plans d’épargne
logement (PEL) de 12 ans ne seront plus exonérés d’impôt
à partir du 1er janvier.
En bref, les placements sûrs sont pénalisés et les placements
à risque sont encouragés. Ces derniers permettent aussi aux banques
de réaliser d’énormes profits, notamment grâce aux
frais de gestion, ainsi qu’aux droits d’entrée et de sortie.
Afin de relancer la croissance, de permettre aux grosses entreprises d’engranger
de l’argent frais et aux banques de faire des bénéfices,
le gouvernement veut encourager le capitalisme de masse en poussant les Français
à acheter des actions et à vendre leur PEL. Au grand dam de ces
derniers qui ont de fortes chances d'aller, une nouvelle fois, vers le casse-pipe
boursier.