24/06/06

 

 

TUTELLES:

ARTICLES DU JOURNAL DE L'YONNE RÉPUBLICAINE SUR LE DÉCÈS D'UNE SEPTUAGÉNAIRE MORTE DANS SES DÉCHET

 

Lu dans L'Yonne, daté du 20/06/06 :

•Septuagénaire morte dans ses déchets : l'UDAF va s'expliquer

Dans notre précédente édition, nous relations la découverte du cadavre d'une femme de 75 ans, Suzanne Lurton, retrouvée morte à son domicile, parmi ses déchets, le 7 juin dernier, à Saint-Julien-du-Sault.
La septuagénaire était placée sous tutelle de l'UDAF (Union départementale des affaires familiales) de l'Yonne et devait, théoriquement, être suivie de manière régulière. Contacté hier, le directeur de l'UDAF de l'Yonne, Olivier Cerf, n'a pas souhaité répondre à nos questions, préférant transmettre un communiqué de presse à notre rédaction, ce mardi. Le directeur a simplement déclaré être "dans l'attente d'informations" de la part de la personne qui suivait la septuagénaire.
Le président de l'UDAF de l'Yonne, Michel Canet, n'a pas apporté davantage de réponses.
"Je ne connais pas le dossier, je n'ai pas accès direct à ces éléments. Ce n'est pas de mon domaine, mais de celui des personnes qualifiées"
Enfin, impossible de joindre un seul responsable à la préfecture de l'Yonne : tous ses services étaient occupés, hier, dans un exercice d'alerte de la grippe aviaire…»


Lu dans L'Yonne, daté du 21/06/06:

Septuagénaire morte à Saint-Julien-du-Sault : l'UDAF s'apprête à réunir une commission interne


«"Afin de ne pas évacuer que des insuffisances ont pu être commises dans le suivi de ce dossier, une commission interne à l'UDAF, émanation du conseil d'administration, se réunira à bref délai pour examiner les conditions de la prise en charge de Mlle Lurton. " C'est ce qu'indiquent, dans un long communiqué de presse, le directeur et le président de l'UDAF (Union départementale des affaires familiales) de l'Yonne, Olivier Cerf et Michel Canet, suite au décès dramatique d'une femme de 75 ans, Suzanne Lurton, placée sous tutelle, et qui a été retrouvée morte au milieu dans ses déchets à Saint-Julien-du-Sault (lire nos précédentes éditions).
Il faudra donc attendre encore un peu pour faire la lumière sur d'éventuels dysfonctionnements de l'organisme tutélaire.
Dans ce même communiqué, l'UDAF rappelle qu'elle s'est vu confier « une mesure civile qui porte d'abord sur la protection de du patrimoine » de Suzanne Lurton.
"Cette mesure s'imposait, mais sans être en capacité de juger de ce qui s'était passé auparavant, force est de constater que la situation s'était gravement dégradée lorsque la mesure a été confiée à l'UDAF et que nous avons dû travailler ferme pour essayer, parfois vainement, de voir ses intérêts rétablis.
Car cette dame était effectivement héritière de plusieurs biens immobiliers dont elle s'était retrouvée de fait dépossédée et elle s'est retrouvée logée dans cette maison sans confort alors qu'elle disposait de l'usufruit d'un bien familial/"
L'UDAF de l'Yonne dit avoir proposé un autre logement à Suzanne Lurton. Sans succès.
"Solitaire, refusant le contact, traumatisée par la façon dont elle avait été amenée à quitter le domicile familial, cette dame n'a pas accepté le relogement dans une pension de famille qui lui était proposé par l'UDAF, elle a conduit l'aide ménagère qui intervenait chez elle à démissionner et a refusé toute nouvelle mise en place d'assistance. » L'organisme tutélaire précise même que « cette situation était connue à la mairie".
D'une manière générale, le rôle d'un organisme tutélaire ne se limite pas à la protection des biens et des ressources (définie par les articles 488 et suivant du Code civil).
L'UDAF de l'Yonne précise que " la jurisprudence demande à l'organisme de tutelle de veiller que la personne ait accès à des soins, dispose d'une couverture sociale, qu'elle dispose d'un toit et d'un minimum d'accompagnement social, qu'elle puisse bénéficier des aides de droit commun ".
La tutelle, " recours ultime"
Ceci dit, l'UDAF de l'Yonne n'entend pas assumer seule la responsabilité de ce drame, qui doit amener à "s'interroger sur le fonctionnement du système de protection des majeurs et plus largement la façon dont chacun intervient ou se débarrasse de ses responsabilités sociales sur d'autre. […] Notre système juridique et social fait trop souvent de la mesure de tutelle le recours ultime lorsque l'on constate l'incapacité à aboutir au travers des solutions médicales ou sociales. […] Les mesures de protection ne sont pas des potions capables d'apporter des solutions miraculeuses la où la psychiatrie, le secteur social ont été mis en défaut. Les organismes tutélaires ne peuvent agir qu'en appuyant leur action sur tous ceux qui interviennent ordinairement auprès des personnes en difficulté et ils n'inventeront pas à eux seuls les dispositifs sociaux et médicaux inexistants."
Une réforme du système de protection des majeurs est envisagée depuis plusieurs années. Mais, selon l'UDAF de l'Yonne, " elle se heurte à la question de son financement".»