10/05/07

 

 CHANTAGE NORVÉGIEN SUR LE COMMERCE "INÉQUITABLE"


La Norvège, troisième exportateur mondial de pétrole, derrière l'Arabie Saoudite et la Russie, n'a aucun problème pour financer ses retraites. Elle nage dans une marée de dollars.

Seulement, au lieu de gaspiller son pactole ou d'enrichir la classe dirigeante, elle prépare l'avenir. Elle a créé un fonds public de pensions d'un montant actuel de 300 milliards de dollars et qui devrait passer à 8 ou 900 milliards dans dix ans. Pour une population de moins de 5 millions d'âmes.

Comme tous les fonds de pension, le fonds norvégien investit dans des sociétés. Mais pas n'importe lesquelles.
Le responsable des investissements, un philosophe du nom de Henrik Syse,qui se réfère dans son action à Aristote, Kant et John Stuart Mill- ça nous change des business schools- combine la recherche du gain et celle de la morale.
Pas question de placer les billes de la Norvège dans des sociétés qui:
-violent les droits de l'homme,
-violent les droits des populations en cas de guerre ou de conflit,
-polluent l'environnement,
-pratiquent la corruption,
-ou se rendent coupables d'autres atteintes aux principes éthiques.
Pas une couronne norvégienne par exemple pour Boeing, Lockheed Martin ou Northrop Grumman, pour cause de production d'armes ou de composants d'armes ciblant des populations civiles.
Le fonds a vendu l'an dernier pour 400 millions de dollars d'actions du géant de la vente au détail Wal-Mart, accusé de se fournir auprès d'entreprises de pays pauvres qui font travailler des enfants.
Même motif, même punition pour la compagnie minière américaine Freeport, accusée pour sa part de polluer l'environnement de ses mines d'or et de cuivre en Indonésie.
Idem pour la malheureuse Birmanie, rebaptisée "Myanmar" par la "kleptocratie"(=gouvernement de voleurs) militaire qui pille le pays et baillonne la démocratie.
Levée de boucliers aux Etats-Unis: douze des 21 sociétés boycottées par le fonds de pension sont américaines, ce que dénonce l'ambassadeur de Washington, Benson Whitney, homme d'affaires qui a des liens avec l'équipe de G.W. Bush.
Les entreprises américaines visées commencent à prendre la menace au sérieux. Ainsi, Wal-Mart, qui avait commencé par traiter les avertissements de la Norvège par le mépris, vient de demander à s'expliquer sur les accusations portées par le fonds de pension.
Frapper là où ça fait mal, au porte-feuille, apparemment ça marche.


(source: le quotidien "The International Herald Tribune" du 3 mai 2007)