La Réunion économique
Contribution au débat public Route des Tamarins et Tram-train
« On ne peut pas résoudre les problèmes du passé
avec les mêmes habitudes de pensée que celles qui ont prévalu
à leur apparition » (Einstein)
1. Constats
- 280 000 véhicules en 2004, 500 000 attendus entre 2025 et 2030. Si
on ne fait rien, paralysie de l’île. Il n’y a pas d’alternative
crédible mise en place face au transport individuel.
- L’activité générale de l’île
est aujourd’hui fortement perturbée, notamment son volet économique
: livraisons, déplacements touristiques, image de l’île,
temps de travail… Le coût global des embouteillages est estimé
à plusieurs centaines de millions d’euros par an et augmente
chaque année.
- Les aménagements routiers : de nombreux aménagements
de bon sens n’ont pas été réalisés (entrées
de ville, passages aériens, rétrécissement ponctuel des
4-voies…). Les points noirs demeurent : traversée de St-Denis,
route du Littoral, région ouest… Parmi les erreurs : Bd Sud (perte
de sens par rapport au projet initial, 4-voies qui devient 2-voies près
de l’Université), déviation de St-Leu (un stop au lieu
d’un passage aérien), déviation de la Saline (le trafic
futur justifie une 4-voies)…
- Les transports en commun : leur mise en œuvre est
rendue complexe par l’éloignement des zones d’habitat et
de travail et la topographie de l’île. Le manque de transports
collectifs est aigu dans les Hauts. L’impact des taxis collectifs est
bon, de même celui des bus en site propre en zones urbaines.
Les problèmes d’horaires de bus (manque de régularité,
plages horaires…), du confort à bord et des interconnexions entre
lignes de bus sont les plus souvent évoqués.
- La Route des Tamarins et le tram-train ne peuvent seuls répondre
au problème des déplacements sur l’île. La problématique
de l’aménagement du territoire, de le gestion de l’espace
et du transport en commun doivent être pensées dans un dispositif
pertinent et cohérent.
2. Privilégier une autre forme de raisonnement
- Réfléchir à partir des besoins
de l’usager (raisonnement pragmatique). Par exemple, qu’est-ce
qui fera qu’on prendra le tram-train plutôt que la voiture ? Le
gain de temps et d’argent (économie d’une voiture). Une
étude sur le coût comparatif de la voiture et du tram train pour
l’usager est à réaliser (sera ensuite un outil de communication).
Prévoir le fonctionnement des transports en commun le week-end et en
soirée (semaine), ainsi que la desserte régulière de
zones touristiques.
- Proposer plusieurs systèmes de transports efficaces
(pas de pensée unique), permettre à l’usager le choix
de son mode de déplacement. Il est nécessaire tout à
la fois d’améliorer les déplacements individuels (autos,
motos, vélos…) et collectifs (avec plusieurs alternatives : taxis
collectifs, tram-train, bus…). Associer la société civile
et les acteurs économiques à l’élaboration du schéma
régional des déplacements. Communiquer sur le co-voiturage,
et prévoir un incitatif financier.
- Au-delà des réflexions « transports », raisonner
aménagement. Pour la route des Tamarins, dessiner dès
aujourd’hui tout l’aménagement autour : les zones d’habitat,
les équipements publics, les zones industrielles, les zones agricoles,
les points touristiques… Planifier permet aussi de concentrer les zones
d’habitat et équipements publics, et prévoir des «
poumons verts » (zones agricoles aux cultures adaptées). Le recours
aux zones d’aménagement différé (zad) est préconisé
pour réserver et aménager du foncier économique. La circulation
interne de la zone est à construire à travers les barreaux de
liaison (valoriser et développer l’existant en premier lieu)
et les échangeurs.
La planification de la route des Tamarins est à actualiser, tout en
favorisant la livraison de l’ouvrage par tranches immédiatement
utilisables.
- Repenser le secteur des transports en :
- réorganisant le secteur des transporteurs (partir des besoins de
l’île, et pas de l’offre actuelle fragmentée)
- favorisant le transport de marchandises de nuit.
- réalisant des « ports terrestres secondaires »
- organisant différemment la distribution de produits sur l’île
(prévoir des zones logistiques sur chacune des micro-régions)
- Limiter les déplacements (professionnels, administratifs, courses…)
en concentrant les zones d’habitation (services à proximité
des immeubles) et les lieux de travail (milieux urbains, et bourgs des Hauts).
Créer des zones d’activité de proximité dans les
Hauts. Prendre en compte les activités agricoles existantes.
- Raisonner différemment sur l’espace en 2 dimensions (plate-formes
en mer à terme…) et en 3 dimensions (passages
routiers aériens, penser vertical pour les immeubles de logements et
de bureaux, équipements publics…).
« Voir loin, large, profond, prendre des risques et penser à
l’homme « (Gaston Berger)
3. Quelques propositions
A court terme :
- Lancer une étude sur le coût des embouteillages
- Améliorer les entrées de ville (élargir les ponts sur
ravines, promouvoir les passages aériens…).
- Réaliser un TCSP Est sur l’ancien tracé du chemin de
fer (St-Denis à St-Benoît), avec système de bus rapprochés.
Prévoir des taxis collectifs pour aller des zones d’habitat vers
le TCSP. Mettre en place des parking sécurisés pour les voitures,
motos, et vélos, dont la surveillance pourrait être confiée
à un garage (double activité)
A moyen terme :
- Améliorer les traversées de ville. Pour Saint-Denis, redessiner
une 4 voies avec seulement trois échangeurs (entrée, milieu,
sortie de ville), en se rapprochant du projet initial du Boulevard sud (éviter
le « tout en un », ne pas mélanger les priorités).
- Développer la liaison par la route des Plaines (quatre-voies)
- Mettre en œuvre des lignes régulières et lourdes entre
les principales agglomérations, avec des ramifications vers les lieux
d’habitat et de travail. Les voies doivent permettre un flux ininterrompu
de circulation.