Valérie Hacot écrit ainsi dans le "Parisien" en date du 20 juin: le gouvernement propose de "modifier de façon drastique la comptabilisation du temps de travail. Le "temps de disponibilité" d'un chauffeur - qui inclut par exemple le temps de chargement et de déchargement -pourrait ainsi ne plus être compté comme du temps de travail. De quoi faire bondir la CFDT et la CGT".

Entretien téléphonique lundi 30 juin avec le secrétaire général des routiers CFDT, Maxime Dumont: M. Dumont rappelle que les salariés du secteur sont au nombre de 600 000, dont 350 000 pour le transport de marchandises. Ce ne sont pas eux qui bloquent les routes (à la différence par ex. des salariés routiers belges du syndicat socialiste FGTB qui ont bloqué Total), mais les patrons.
1) La CFDT constate que les charges des entreprises augmentent et que celles-ci réclament des exonérations, baisses de taxes, de cotisations etc. C'est un fait.
2) C'est aussi un fait que les patrons routiers sont très actifs en période de vaches maigres et se battent contre la baisse de leurs profits, mais qu'ils ne sont pas disposés à partager avec leurs salariés les plus gros profits dont ils disposent en période de vaches grasses.
3) Les patrons routiers veulent même tirer parti de la crise du pétrole (avec l'excuse ou l'alibi de l'Europe) pour aligner les conditions de travail et de rémunération sur la moyenne des pays européens, donc à la baisse.
Quand l'Europe réduit le temps de travail pour améliorer la condition de routiers étrangers dont certains font jusqu'à 78 heures par semaine (!), mais sans l'abaisser au niveau des salariés français, les patrons, avec l'appui de l'Etat, tentent d'augmenter le temps de travail de leurs employés.
Exemple: l'affaire du temps de disponibilité qui ne serait plus comptabilisé comme temps de travail, sous prétexte que c'est le cas dans certains pays européens.Ou la formation, 156 heures pour les Français, 140 heures dans les textes européens.
4) Par ailleurs, est-ce au contribuable à financer les patrons routiers (à travers des réductions de charges fiscales et sociales), ou aux clients du transport de marchandises à le faire, par une augmentation des tarifs?
Et l'Etat ne va-t-il pas vouloir rattraper la baisse de ses ressources fiscales par des plans de rigueur sur le dos des malades, des RMIstes et de tous ceux qui bénéficient de notre système de protection sociale?

La FUT-SP met en garde l'Etat et les patrons routiers: si l'Europe sert de prétexte pour réduire à néant les conquêtes sociales, on risque:
1) de voir les salariés routiers passer eux aussi à l'action,
2) de voir encore plus de Français s'opposer à l'Europe. L'expérience du référendum de 2005 chez nous et celle de l'Irlande devraient quand même faire réfléchir.