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1. Le mardi 31 mai 2011 à 23:52, par Pierre Bocquiault

En effet, pour tous ceux qui connaissent la Petite Ceinture ferroviaire, son histoire, ses caractéristiques et son «caractère», il était troublant, hier, de la voir délaissée depuis vingt ans sur la majeure partie de son tracé.

Mais aujourd’hui, alors que des projets de transports grandioses de métro sont confirmés en banlieue, pour 20,5 milliards d’euros, avec mise en service d’une rocade en 2025, il est particulièrement rageant de voir que la plate-forme de la Petite Ceinture est menacée de morcellement sur chacun des sites de renouvellement urbain : passages à niveau piétonnier à l’Evangile (19ème) et à La Glacière – Place de Rungis (13ème), passages à niveau routiers en pleine ville ou coupure définitive des voies ferrées à Masséna (13ème).

Pis : Dans le 15ème, de Grenelle à Vaugirard, elle sera transformée en promenade, de manière « réversible » nous dit-on, tandis qu’à Bercy (12ème) l’Atelier Parisien d’Urbanisme propose froidement sa transformation en promenade plantée ! D’Auteuil à La Muette, dans le 16ème, l’ancienne plate-forme ferroviaire a été récemment vendue à la Ville de Paris qui l’a transformée en jardin naturel, si nécessaire à deux pas du Bois de Boulogne ! Les bâtiments des gares, qui ont été et sont toujours très utiles au RER C, sur l’ancien tronçon ouest de la Ceinture, sont convoitées par la municipalité parisienne sur le tronçon abandonné.

Et pour faire avaler cette politique, on ne se prive pas d’énoncer moult contrevérités, tendant à accentuer grossièrement les coupures de la ligne et l’ancienneté de la situation d’abandon, probablement pour se dédouaner : depuis les fausses cartes de la ligne présentées par la chaîne de télévision FR3-Ile de France, jusqu’à la fausse assertion que l’on trouve dans l’étude sur Bercy de l’Atelier Parisien d’Urbanisme (http://www.apur.org/etude/bercy-charenton-recherche-chainon-manquant, page 27).

Puisqu’il le faut, répétons-le : S’il manque 1500 m à la boucle de la Ceinture depuis 1960 (démolition des viaducs du Point du Jour et d’Auteuil), si un jardin naturel a été installé il y a quelques années sur une longueur équivalente dans le 16ème, il reste 4,5 km couverts et utilisés par le RER C, ou plus de 180 trains passent chaque jour, et surtout, il subsiste 23 km de plate-forme à double voie inutilisée reliant les Batignolles à Grenelle via Bercy.

Ainsi, la Petite Ceinture possède des atouts intrinsèques incontestables : Une double voie, en site propre intégral, avec un gabarit ferroviaire standard, s’étendant sur les flancs nord, est et sud de Paris (23 km continus) ; la longueur des anciens quais (120 m) et l’espacement des stations y permettent l’installation d’un système de transport rapide et capacitaire, au moins 6 fois plus puissant qu’un tram urbain.

La ligne possède, de plus, un potentiel externe non moins contestable : la chance de se développer toute entière dans la couronne périphérique interne de Paris, l’une des plus dense au monde, zone intra-muros où la croissance est la plus forte et continuera de l’être avec les projets en cours ; zone traditionnelle d’habitat mais où l’emploi tend à se renforcer nettement. Avantage externe également : sa situation relativement au réseau ferré régional, puisqu’en 7 point (si on y inclut Pont Cardinet), sur les onze sorties ferroviaires de Paris, la Ceinture pourrait être mise en correspondance facile avec les radiales SNCF, contribuant ainsi à multiplier, aux portes de Paris, les nœuds de correspondance. Et formant, avec les trois branches du RER C, deux mailles dans Paris, au service de l’agglomération.

Seule difficulté, devant laquelle les décideurs semblent malheureusement baisser les bras : la proximité de certaines habitations. Or des techniques nouvelles d’amortissement du bruit (roulement sur pneus, moteurs linéaires, voies insonorisées, tunnels translucides, etc.) et des accommodements d’horaires (90% de la fréquentation des transports publics a lieu entre 7h et 21h) répondraient aujourd’hui au problème.

Alors, pourquoi pas un double réseau pour le Grand Paris : Grand Paris Express à long terme, et réseau Transilien SNCF complété au plus tôt par la Petite Ceinture. Un tel schéma, comme je l’ai défendu auprès du Ministre de la Ville, serait cohérent avec une tendance naturelle et universelle de croissance des réseaux urbains et d’urbanisation des réseau ferroviaire.

Si vous trouvez qu’il est incohérent que, dans la situation de croissance de la fréquentation et de hausse durable du prix des carburants, on saborde la Petite Ceinture ferroviaire située dans l’une des zones urbaines les plus denses de la planète et où le réseau du métro est très peu maillé, dites-le à vos élus et à nos décideurs. Par exemple lors de la concertation actuellement en cours sur Bercy-Charenton où il n’est pas croyable que l’on manque l’établissement d’une correspondance M8 – T3 – RER D et un jour avec la Ceinture, qui doit être préservée intégralement, là comme ailleurs !

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