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1. Le mercredi 22 avril 2009 à 08:32, par CP

Cher Monsieur,

Ce qui s'est produit dans ce train de banlieue samedi dernier est insupportable. J'ai lu votre commentaire et je vous réponds en tant que femme et en tant que déléguée cantonale de l'UMP, élue municipale dans le Val d'Oise. Votre interjection au Président de la République est légitime. Je ne crois pas cependant, que le ton employé soit à la mesure de l'ampleur du drame. Tous les jours, des milliers de voyageurs d'Ile De France sont confrontés à la violence. Il est davantage question de brutalité, de vulgarité, d'intimidation par une attitude provocatrice refusant toute forme de vie en harmonie, que d'agression à proprement parler. Mais l'insidieux suscite la crainte et le retrait. C'est cela l'insécurité : avoir peur. La vraie violence se manifeste en dehors des heures de pointe. Parce que la foule absente ne joue plus alors, son rôle de garde fou. Et les proies sont faciles, surtout quand elles sont fragiles. Surtout quand en face, on se fond dans une bande, derrière une capuche et sous substances souvent illicites. Vous avez raison de souligner que les femmes, nos anciens et j'ajouterai les jeunes gens qui ont reçu une éducation digne de ce nom, évitent les trains de banlieue le week-end et tard dans la soirée.

Vous proposez des contrôleurs. Il n'y en a déjà pas, quand on veut régulariser sa situation en achetant un billet en route ! Quant aux caméras, il les faudrait de haute technologie, de très petite taille et bien dissimulées, pour qu'elles ne soient pas détruites, dès qu'elles seront placées. Et tout cela a un coût... Je ne cherche pas à être négative. Je suis simplement réaliste.

Alors que faire, me direz-vous ? Cette violence serait-elle un état de fait contre lequel il n'est pas raisonnable de pouvoir lutter ?

Je ne le crois pas.

Au même titre que cette mentalité destructrice des valeurs de la vie en société s'est installée lentement, depuis des décennies, il faudra du temps pour éradiquer ces comportements de sauvages - et le mot est pesé - que le silence ambiant n'a eu de cesse d'encourager. Quand l'être humain sera remis au centre des préoccupations quotidiennes, valorisé par son exceptionnalité, grandi par ses efforts de mieux, de plus beau, de plus grand, notre société sera armée pour lutter contre des individus qui n'ont aucun repères que ceux qu'ils se sont à grande souffrance, dans un esprit tribal, à peine trouvés. Il n'y a rien d'utopique dans mes propos. Nous ne subissons que ce que nous avons semé. Et une jeune fille est blessée à vie, qui est victime du manque de courage de notre société...

Je suis persuadée que le droit des victimes doit être renforcé. Je suis persuadée que le rôle de chacun dans la société et sans complexe, sans langue de bois, ni culpabilisation de tout poil, peut être à l'origine d'un réel changement. Le gouvernement actuel y travaille. Les médias se font un piètre relai de ses efforts incommensurables. Or changer des mentalités installées depuis tant d'années, à force d'arguments démagogiques et lénifiants, ce n'est pas tâche aisée ! Il est grand temps que chacun prenne conscience de sa responsabilité ! L'on parle d'éducation civique dès l'école maternelle. Pourquoi pas ? Puisque les parents sont contraints par la bonne pensée ambiante, à ne plus agir avec fermeté. L'éducation et les grandes valeurs humaines, voilà ce qui manque à notre société. Des "moyens", encore des "moyens" ? Le colmatage n'est plus à l'ordre du jour. Le problème est trop grave pour s'exercer à ce genre de proposition. Connaître ses droits, quand on est victime, en portant plainte, quand on a été outragé dans sa personne ou dans ses biens... Connaître son bon droit, quand on est usager des transports en commun, en signifiant d'un regard que le bruit, les crachats, les pieds sur les banquettes, la vulgarité et je vous passe la liste de tout ce que je transmets à mes propres enfants et qui ne se fait pas, c'est aussi agir en être responsable, respectueux de la vie de chacun. C'est déjà faire reculer la zone de non-droit, que certains peu enclins au courage utilisent pour exercer leur petit pouvoir nuisible et leur violence sur plus civilisés qu'eux ! C'est enrayer leur engrenage qui ne tourne, que parce que nous le voulons bien.

J'ai été longue, je vous en demande pardon. Mais puisque vous n'avez pas baissé les bras, je tiens à vous dire que d'autres non plus. Bravo Monsieur Delarue ! Je suis à vos côtés. Mais ne vous trompez pas de combat, s'il vous plaît. La volonté peut encore beaucoup. Alors, des caméras, des contrôleurs dans les rames fantômes, où errent d'autres âmes qui n'ont pas compris que la vie est précieuse, proposez toujours ! Mais la volonté de remettre au goût du jour les valeurs intrinsèques à toute forme de vie en société, cela me semble plus réaliste et voué à un plus grand succès.

Si moi j'y crois, pourquoi pas vous ?

Catherine Prévot

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