Article du journal Sud Ouest du 24/04/10

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Delphine devait rentrer à Viozan dimanche dernier, après avoir fêté ses 27 ans en Nouvelle-Calédonie. Au lieu de cela, elle est clouée au sol à Nouméa. Si les vols ont repris, Delphine est toujours en rade. « Air France m'a dit qu'en raison du nombre de passagers dans mon cas, je ne pouvais prétendre à un vol qu'à partir du 28 avril et qu'ils se donnaient jusqu'au 9 mai pour me trouver un vol, car je n'étais pas prioritaire. »

Mercredi cependant, un coup de fil d'Air France a redonné de l'espoir à Delphine Duprat. La jeune femme devrait pouvoir prendre le vol de 1 h 45 du matin au départ de Nouméa, le 30 avril prochain. « Avec le décalage horaire, je vais arriver à Toulouse à 20 heures… Ca va être pénible, mais je serai présente à la finale ! ». Le lendemain 1er mai, Delphine Duprat doit en effet disputer la finale de la Coupe du Gers de football féminin.

À temps pour le match Une échéance sportive qu'elle a bien cru voir lui passer sous le nez après l'éruption du volcan islandais. En attendant de taper dans le ballon avec ses camarades sur le terrain du Moulias, Delphine se ruine en hébergement, donne des nouvelles au compte-gouttes (« Les communications sont super-chères : 2,90 € la minute et 0,50 € le texto ! ») et fait d'ores et déjà une croix, la mort dans l'âme, sur les quinze jours de vacances qu'elle devait prendre cet été. « Je me suis arrangée avec mon employeur, mais du coup, je n'aurai pas de congés avant l'année prochaine ».

Mathieu Piccin lui, s'était organisé un petit week-end à Barcelone avant un entretien d'embauche crucial à Paris lundi. Cet étudiant en fin de cycle à Sup'Aéro, originaire de Bézues-Bajon, a réalisé le parcours du combattant dimanche dernier pour rallier la capitale à temps en dépit de l'annulation de son vol direct. En bus, en voiture, puis en train, il a réussi à passer son entretien, mais ne sait toujours pas si son billet d'avion sera remboursé.

Et puis il y a ceux qui ont passé leurs vacances à la maison, la brochure de l'agence de voyage jetée dans la corbeille à papiers… Emmanuelle Bouchet devait passer la semaine à Djerba avec sa mère. Un voyage prévu depuis janvier dernier qui a donc tourné court le 18 avril. « Sur le site Internet de Blagnac, on voyait des avions décoller. Fram nous disait que le vol était maintenu, alors nous nous sommes présentées à l'aéroport comme prévu dimanche dernier. »

Des vacances sur internet « Finalement, nous ne sommes jamais parties » soupire la secrétaire du lycée Pardailhan. Le séjour au soleil s'est soldé par une semaine à parlementer sans grand succès avec l'agence de voyage et l'œil rivé sur Internet. « Tout ce que l'on nous propose, c'est un report de six mois, mais pas de remboursement. Or, dans six mois, je n'aurai pas de vacances et ma mère doit subir une intervention chirurgicale. Nous voulons seulement que l'on nous rembourse une prestation qui n'a pas été assurée. C'est légitime non ? » s'agace Emmanuelle Bouchet.

La jeune femme a bien l'intention d'adhérer au collectif qui est en train de se monter par le biais de la Fédération des usagers de transports. « Trouver sur Internet des témoignages de gens qui sont dans le même cas que nous, cela fait du bien. Moralement, on se sent moins seul. »

Au Sri Lanka en revanche, Véronique Magnier, la principale du collège de Vic-Fezensac et son compagnon se sentent bien seuls (1). Ils espèrent un vol lundi, mais tout ce qu'on leur promet pour l'instant, c'est un retour en France le 4 mai prochain… Logés dans un hôtel de fortune qu'ils payent de leur propre poche, les Vicois se sentent « lâchés par leur agence de voyage comme par l'ambassade ».

Le compagnon diabétique de Véronique Magnier risque d'être à court d'insuline d'ici quelques jours. Une échéance qui inquiète encore plus la jeune femme que la rentrée scolaire de son établissement qu'elle va manquer bien malgré elle lundi matin…